jeudi 10 février 2011

Vous allez rencontrer un sombre et bel inconnu de Woody Allen

Avouons-le, Woody Allen commence à nous taper sur les nerfs. À force de nous pondre un film par un an, la répétition et le cliché éculé rongent une œuvre pourtant majeure. On est loin des moment de grâce de La Rose pourpre du Caire, Zelig et Manhattan. Deux tendances parsèment les derniers films du New-yorkais à savoir la partie « auteuriste » incarnée par Scoop ou Vicky Cristina Barcelona – des sommets de nonchalance– ou alors la dimension tragique que représente très bien Match Point. Allen fait preuve d’un travail d’artisan remarquable. En apparence, son dernier film est à ranger dans première case. Même utilisation de la voix-off, même récit kaléidoscopique et même morale. Sauf que cette dernière morale est à approfondir car elle révèle un caractère inattendu.


                                             
Vous allez rencontrer un sombre et bel inconnu
est un film sur l’échec matrimonial qu’il soit court et superficiel ou long et intense. De ses multiples cassures et collages émergent une possible harmonie entre une mère d’âge mûre et un vieux bouquiniste. Tous deux ont une confiance aveugle dans la superstition. Ce qui leur vaudra un traitement plus favorable contrairement aux autres personnages enfermés dans un avenir bien pessimiste. L’épilogue justifie leurs choix, ridicules au regard des jeunes, logiques pour un Woody Allen affirmant que « les mirages sont plus efficaces que la médecine ». Est-ce l’aveu d’un cinéaste qui préfère rester sur ses acquis vus et revus au lieu de se confronter à la réalité ? Son cinéma est volontairement bourgeois, donc la question mérite d’être posée. En tous cas, Woody Allen gagne en vitalité avec cette conscience de ses propres limites.

Enfin, gardons en tête les quelques passages géniaux de ce film, comme ce faux-écrivain, qui passe son temps à épier sa voisine, passage qui sonne ici comme un très bel hommage à Fenêtre sur cour. Allen, tout comme Hitchcock, partage cette cruauté envers des personnages pris dans les mailles d’un jeu qui s’avère, pour ce film, extrêmement réussi si on oublie qu’un auteur doit se renouveler.

En parlant de Woody, je ne peux que vous encourager à lire une réflexion audacieuse publié sur le blog Projection Publique
         
                                                                                                                                     

                                                                                                                                             Tifenn Jamin

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