mardi 21 décembre 2010

La Terre Tremble de Luchino Visconti : utopie familiale


Désenchanté, décadence, effritement sont des mots particulièrement significatifs lorsqu’on parle de Luchino Visconti, ce cinéaste élégiaque, trop souvent restreint à un académisme injustifié alors que son œuvre est profondément moderne à l’image de son deuxième film : La Terre tremble.
Nous assistons à la représentation d’une foule immense (un village) dans laquelle Visconti choisira une famille qui, après une description minutieuse de leur vie quotidienne, sera victime d’une catastrophe. C'est l'élément déclencheur d’une période d’extrême pauvreté et de honte. Cette même chape de plomb qui s’abattra sur les familles de ses films les plus connus : Le Damnés et Le Guépard.

La Terre tremble possède une scène suffisamment évocatrice pour affirmer qu’elle est une image matrice de l’œuvre de Visconti. Ainsi, on nous montre la mère enlever un cadre où se trouve une photo de famille. Ce geste de haut en bas symbolise que la famille a tout perdu. On retrouvera cette scène quelques minutes plus tard dans le sens inverse, la famille a repris espoir, franchit les obstacles et la mère peut maintenant raccrocher le tableau au mur. Le film se termine donc sur une note d’espoir qui aura résonné tout au long du film.

décadence

espoir

Quand tout va mal, la famille résiste ensemble, seul moyen de vivre dans ce tiers-monde. Difficile de nier l’évidence, c’est bien Visconti le communiste qui parle à travers les aventures de cette famille. Ce qui me frappe le plus dans ce film, c’est le réalisme exacerbé. Comme si lui-même avait vécu dans ce village de pêcheurs. Lorsqu’on sait que la famille Visconti est l’une des familles bourgeoises les plus emblématiques de L’Italie, on se dit que le changement idéologique n’est pas étranger à la vie de Visconti, cinéaste paradoxale dont on ne peut pas douter de la philanthropie.

                                                                                                                                            Tifenn Jamin

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