mercredi 22 décembre 2010

La Troisième Génération de R. W Fassbinder/ La Bande à Baader de Uli Edel : Les années de plomb au cinéma



Les années de plomb et le cinéma : une rencontre quasi parfaite entre une période de l’histoire équivoque et un médium capable d’y apporter son lot de vérités. Dans la plupart des films traitant de cette période, on trouve une scène commune : la fusillade, l’application corporelle de l’idéologie. En somme, l’action idéale pour créer de nouvelles formes cinématographiques.
                                 

Commençons par La Bande à Baader, film à l'origine d’une vive polémique en Allemagne. Dans la scène présentée ci-dessous, plusieurs personnes essaient de mettre en action leurs idées à travers une fusillade, filmée par l’intermédiaire de nombreux plans rapprochés, avec une tendance pour la caméra à l’épaule. On essaie de nous donner l’impression d’assister à ces actes tout en mettant l’accent sur la violence, la sécheresse et la rugosité de la scène.
             

                 
Deuxième exemple : La Troisième Génération de R W Fassbinder, l’un des grands films de son auteur. Dans la première partie de la bande annonce (voir ci-dessous), on voit donc des personnes déguisées. Normal, c’est mardi gras. Ce qui rend unique cette scène finale, c’est le moment choisi par cette bande pour prendre les armes. Ici, les déguisements sont moins une façon de montrer la folie de leurs actes qu’une manière de pervertir la réalité en lui donnant une nouvelle forme. Ainsi, c’est l’aliénation générale qui intéresse Fassbinder.
Dans cette œuvre anti-manichéenne, il est difficile d’y discerner les raisons de leur lutte. Du coup, cette scène finale s’envole vers l’abstraction pour le meilleur, puisque cette scène me semble bien plus lourde de sens que le film d'Uli Edel. Pour accentuer cette confusion, Fassbinder tient à mettre une distance avec les actes, comme le prouve le plan où la fusillade se situe à l’arrière-plan entre deux camions. A priori cette distance instaure une objectivité mais c’est aussi une façon de montrer qu’on est encore loin d’avoir cerné le problème. Le film est, en soi, un objet qui tente de poser des questions au lieu d’y répondre, comme le fait vainement Uli Edel avec sa Bande à Baader.

                                                                                                                                       Tifenn Jamin

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