jeudi 6 janvier 2011

Somewhere de Sofia Coppola


Somewhere (2009)

Somewhere fait partie de ses crises de réalisme aigu. La formule ne vient pas de moi, mais de Jean Renoir auquel j'emprunte ces mots si justes que sont « crises de réalisme aigu », si justes au regard de ce film qui apparaît comme une nouvelle variation autobiographique de sa réalisatrice, Sofia Coppola. 

Lost in Translation (2002)
Johnny Marco est en apparence une star, bien que la caméra ne le regarde pas comme tel, on reste à échelle humaine pour saisir la solitude de ce Johnny qui n'avance pas, tourne en rond. Difficile alors de croire en ses talents d'acteur et Coppola ne l'aide pas, préférant abîmer le vernis hollywoodien, une matière pleine de pensées désabusées. Parallèlement, l'espoir incarné par la fille de l'acteur vient redresser la balance ainsi qu'un père incapable de se préparer des plats un minimum travaillés. Il reste aux pattes pendant que sa fille prend un soin particulier à la cuisine. Ces petits gestes du quotidien n'ont rien de banal, ils mettent en valeur un père qui n'assume pas son rôle, laissant sa fille égayer sa vie et lui tracer un chemin balisé. Dans le petit monde de Sofia Coppola, l'Homme ne peut vivre seul, c'était déjà le cas dans Lost in Translation qui utilise la même tension narrative : une fille va sortir une star de sa torpeur.

Ce sont bien ces petits gestes qui font de ce film une très grande réussite, puisque Sofia Coppola trouve le ton juste et la structure parfaite pour nous montrer ce que nous ne remarquons pas forcément dans la vie de tous les jours – des gestes qui nous font grandir. Les mémoriser en devient donc indispensable. Et Johnny Marco aura attendu la fin du film pour s'en rendre compte : son sourire final est bouleversant. Le changement est imperceptible mais il est présent, et cela vaut autant pour la carrière de la cinéaste que pour son protagoniste.

                                                                                                                                         Tifenn Jamin

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