Humphrey Bogart et Ida Lupino dans High Sierra |
« Si je me mettais un truc pareil en tète, je lui trouverais sans doute un emploi. Je le verrais bien dans un rôle à la Bogart (...) Un gros dur, vous voulez dire ? Oui, oui, il pourrait sans doute très bien jouer ça »
Décidément, ces mots ne cessent de faire des aller-retour en moi. J’irais même jusqu’à dire que je les ai portés aussi longtemps que ne dure la filmographie de Woody Allen. Pas que j’éprouve de la haine envers le bougre newyorkais, mais il faut bien le dire, il atteint des limites en commettant un attentat contre tout un cinéma et pas n’importe lequel : le cinéma qui nous fait rêver. L’âge d’or du cinéma hollywoodien auquel Humphrey Bogart a prêté un charisme, un visage et de multiples expressions aux rides subtiles. De la bouche d’un cinéaste qui fait rêver des milliers de spectateurs, surtout des filles, (emmener une fille voir un film de Woody relève de la drague), ses propos deviennent révoltants.
- Bon, tu en as fini avec ce monologue ? Avec toi, on a l’impression que c’est une affaire d’état. Relativise un peu. Je mets ma main à couper que ta colère vient d’une frustration.
- Tout naît d’une frustration.
- Oui, ça vient surtout de tes déboires pour conclure avec un fille suite à un Woody Allen. Redescends sur terre !
- Rien à voir, il saccage le cinéma avec ses mots. Mettre sur un même piédestal un acteur humble et un type obsédé, quelle connerie ! Comparer un impuissant et une figure paternelle imperturbable, un casseur de rêve et un faiseur, de rêve. On ne mélange pas les cauchemars et les rêves !
- Tu mets dans le même sac humilité et star hollywoodienne. On me l’a fait pas celle-là !
- Bogart n’est pas comme certaines stars qui passent leur temps à se la péter. Walsh lui à confié à deux reprises un second rôle dans les Fantastiques Années 20 et Une Femme dangereuse. Il a accepté sans broncher et il joue admirablement les seconds couteaux. Lorsqu'il revient sur le devant de la scène, avec High Sierra, c'est pour se prendre un râteau ! Peu de stars sont capables de se mettre au service d’une telle fragilité…Et puis n'oublions pas Le Grand Sommeil et Le Port de l'angoisse. Deux films de Howard Hawks, le cinéaste qui a toujours filmé à hauteur d'hommes. Sarkozy est trop petit pour jouer chez Hawks. Trop égocentrique pour partager l'affiche avec des actrices comme Ida Lupino.
- Ah oui, c’est pas avec elle que tu vas au cinéma ce soir ?
- Oui, c’est ça.
- Voir le nouveau Woody Allen, je suppose ?
- Nan, j’ai pas envie foirer ce coup !
Tifenn Jamin
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