mardi 7 juin 2011

Lettre ouverte à la cinémathèque de Bretagne


Chère cinémathèque de Bretagne

Je connais le devoir qui t'anime. Je l'admire et je m'y reconnais, surtout  lorsque je vois ton logo apparaitre devant les films de mon ami René. C'est pour cette raison qu'au moindre déraillement, ma colère surgit soudainement ! En lisant ta newsletter (Entrefil n°25), j'ai eu le malheur de voir que tu soutenais un documentaire basé sur un livre de Patrick Buisson. Ce dernier nom me dérange puisqu'il représente à mes yeux le symbole même du révisionnisme : il suffit de voir ses interventions sur la chaine Histoire et son manichéisme erroné autour de la guerre d'Algérie et de l'occupation nazie. Ses prises de positions anticommunistes, anti-immigrés prennent une dimension d’inquisition dans son ancien fief, la revue Minute. Mais ses méfaits ne s’arrêtent pas là ! A l’heure où le peuple espagnol se lève contre le pouvoir corrompu, Buisson s’avère être l'ami des puissants, directeur d’un cabinet de sondage, conseiller de Sarkozy ; il lui apporte la dose d'extrême-droite propre à tout gouvernement de droite. Buisson est un homme de l'ombre, dangereux de surcroit ; et je suis étonné de ne voir aucune note sur ce personnage haineux. J'irai même jusqu'à dire que Buisson et les valeurs qu'il incarne sont l'antithèse de ce que tu défends. N’oublie pas que tu as longuement soutenu des résistants, tels que René Vautier, et une mémoire que je qualifierais de populaire. C’est la Bretagne de la Résistance ! Rien à voir avec Buisson qui préfère faire la part belle à la France virile tout en dénigrant les assassinats, les viols commis sous l’occupation. Tu es la mémoire collective, il est l'amnésie. Comme toutes les routes dangereuses, Buisson mérite des indications, des avertissements afin de sauvegarder les citoyens.
Bien que ce coup de gueule soit personnel, il est partagé par de nombreuses personnes qui tendent à une meilleure compréhension des peuples et de leur histoire.
Enfin, chère cinémathèque, je te prie de ne pas tomber dans les travers qui engendrent la haine.

                                                                                                                                            Tifenn Jamin

Pour en savoir plus sur Buisson, je vous conseille la lecture de deux articles publiés dans Télérama et sur Rue 89

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire