mardi 14 juin 2011

Etonnants Voyageurs 2011 – Fragments d’une révolution : éloge de l’amateur.



Qu’on soit clair dès le début, ce film ne risque pas de remporter l’adhésion de tous. Pour cause, on a l’impression d’être devant un work in progress. Autrement dit, une œuvre inachevée qui a pour réalisateur(s) une ou des anonyme(s). De cette pierre jetée à notre figure, on retient les évènements iraniens de 2009 : élections truquées, manifestations, répressions que nous raconte cette anonyme rongée par la frustration de ne pas être présente sur place, enfermée dans un appartement parisien. Heureusement pour elle, l’Iran compte des centaines de cinéastes. Des plus fameux, Kiarostami, Panahi, aux plus inconnus. Et ces derniers ont autant de mérites que ces illustres artistes puisqu’ils nous prouvent qu’aujourd’hui, à travers l’utilisation d’un simple portable, il est possible de capter la réalité et pas n’importe laquelle, une réalité si dérangeante  pour certains et pourtant si forte qu’elle nous prend aux tripes. Qu’elles soient floues ou sales, il n’empêche qu’on s’identifie à ces images profondément universelles. De la révolution citoyenne en Espagne à cette révolution verte en passant par les évènements de la place Tahrir en Egypte, ces images provoquent la même colère, la même indignation et nous poussent à la révolte, à l'instar cette anonyme qui est, comme nous, spectatrice.À mesure que le film avance, on se rend compte qu’un grand film collectif anonyme se joue devant nos yeux dont l’amateurisme apparent est une qualité.


  
         Tifenn Jamin

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