vendredi 8 juillet 2011

22éme FID de Marseille : notes sur Biette de Pierre Léon

Jean-Claude Biette
 Biette est un nom clairement surligné sur mon agenda. Au premier abord, cela peut surprendre, moins lorsqu’on connait les deux protagonistes : Le Biette en question, c’est Jean-Claude, cinéaste quasiment oublié ; tandis que Pierre Léon est le chef d’orchestre de cet hommage. Comme tout film attendu au tournant, Biette fut longuement étranglé par un brouillard de préjugés et de fantasmes. Il a donc bien fallu que je calme mon révisionnisme d’avant l’heure afin que je me rende compte que non, ce n’est pas mon film. Certes, il peut être destiné aux amoureux de ce réalisateur mais ceux qui ne le connaissen pas risquent de tomber de haut dans la mesure où Pierre Léon tient à remettre les mots dans l’ordre en inversant l’idée reçue sur Biette, qui avant d’être un grand critique - reconnu à juste titre - est un « cinéaste-critique » présenté dans ce film par de multiples intervenants.
Au-delà du cinéaste qu’est Jean-Claude Biette se déploient deux modes de perception avec en premier lieu, une volonté de mettre en avant une génération de cinéastes, pour la plupart victime d’une amnésie populaire. Ces cinéastes qu’on à souvent défini par le qualificatif, très restrictif, de deuxième nouvelle vague : Paul Vecchiali, Gérard Frot Coutaz, Jean-Claude Guiguet, Marie-Claude Treilhou et Biette forment un groupe hétérogène rassemblée par Diagonale. Et sur ce point bien précis, le film est un précieux témoignage qui nous incite à redécouvrir ces petits-grands films.
La seconde perception est plus universelle que cinéphile : c’est un homme entouré, mystérieux, drôle, humble, qui voyait le cinéma comme un acte du quotidien, peut-être même une nécessité comme si lui-même ne se définissait pas en tant que cinéaste, mais plutôt  en personne faisant corps avec le cinéma, pour qui la frontière entre le cinéma et la vie, la modernité et le classicisme, est perméable. Une frontière tout à fait poreuse qu’on retrouve dans de la scène finale : cinéma et théâtre se confondent pour rendre un dernier hommage poétique, permettant au film de dépasser son statut de documentaire. Pierre Léon a compris son oncle « Biette », cinéaste insaisissable lorsqu’il s’agissait de définir ses propres films. Dément !


                                                                                                 Tifenn Jamin

BIETTE
Pierre Léon
France, 2010, 109’
Première mondiale
EP / Portraits croisés
LUNDI 11 14:30 Maison de la Région

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