mercredi 23 mars 2011

Billet d'humeur : désacraliser Stanley Kubrick

Lolita
Cette année, Stanley Kubrick va une nouvelle fois recevoir les honneurs d'une rétrospective – jumelée avec une exposition – initiée par la Cinémathèque. L'occasion idéale pour mettre un terme au caractère sacré et du coup intouchable de son œuvre. Abattre cette pseudo-perfection serait rendre service à ses films tout en permettant d'éviter le pire : clore le débat. L'intérêt d'une rétrospective est moins le moment où l'on peut réaffirmer le génie de Kubrick qu'une bonne raison pour remettre en question ses films et le rapport qu'ils entretiennent avec le spectateur, d'année en année. Tant pis si cela  fâche ses apôtres, je ne porte pas tous ses films dans mon estime ; l'univocité de Orange mécanique me dérange. On peut y voir des « manques » et des « défauts », (pour reprendre les mots de Jean-Claude Biette), à savoir la façon avec laquelle Kubrick montre son incapacité à tenir tête au temps, donnée tout de même essentielle au cinéma, qui donnent pour autant une qualité indéniable au film et un terrain de réflexion florissant. Kubrick a souvent croulé sous les éloges d’un cinéma pur, une pureté qui est à mes yeux dangereuse car elle ne peut que restreindre le point de vue, alors qu’un éloge de l’imperfection ouvre un débat infini. Dire de Lolita, Barry Lyndon et Eyes Wide Shut qu’ils sont imparfaits n’est pas leur porter préjudice. Cerner les moments de creux et les dissonances à travers ses films montre un réalisateur qui pousse jusqu’à ses limites le matériau qu’il utilise. Absence de dramaturgie, cinéaste omnipotent et négation de l’acteur sont des nuances qui ne laissent pas transparaître une haine anti-Kubrick. Au contraire, elle permet de voir les dilemmes réjouissants. Qui clame au génie clame à la fainéantise.

                                                                                                                               Tifenn Jamin

2 commentaires:

  1. Vu que vous souhaitez qu'on porte attention à votre manque d'intérêt pour Kubrick, venons-en aux fâcheries : si l'univocité d'Orange Mécanique vous dérange (mon petit chéri), préférez-lui l'ubiquité de 2001 alors.
    L'imperfection qui ouvre un champ de réflexion infinie me gonfle par cette prétention camouflée par la fainéantise. J'aime l'artiste qui travaille et contrairement à ce vos présomptions, Kubrick was a hard worker. Des années pour préparer un film, rabâcher chaque détail jusqu'à la campagne de pub. Vous préférez la posture des glandeurs de l'Art Contemporain qui ne se contentent que d'un idée, industrialisant ainsi Duchamp ? Je leur préfère les trois ans de Michelangelo passés sur le plafond de la sixtine.
    Votre décret "négation de l'acteur" peut difficilement faire face aux interprétations hautes en couleur de Sellers, Mac Dowell ou Nicholson qui carburent de joie à faire leur métier et cela se voit à l'écran. L'on peut comprendre néanmoins que le jeu "underplaying" de Cruise dans Eyes Wide shut" vous apparaisse une négation de l'acteur, mais à coté on a la Kidman qui brille...L'on peut comprendre que dans Barry Lyndon, le beau rôle est plus donné au décorateurs, costumiers et à la lentille qu'aux personnages, sans cesses raillés par le narrateur dans la première partie, mais lorsque ceux-ci entrent dans le drame de la deuxième partie, ils se font plus profonds et incarnés (le duel de la fin concernant les rapports beau-père/fils est très anxiogène, désolé pour vous si vous êtes allergique à cette dramaturgie-là).

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  2. M.Le Général

    Lors de votre longue carrière, il vous est arrivé d’être à coté de la plaque. Prenons l'exemple de Mai 68 mais vous méritez un respect relatif tout comme votre opinion concernant Kubrick. Cependant, ne vous méprenez pas sur mes opinons, je ne fais pas partie de ses personnes qui se branle sur les "œuvres" de Duchamp. Ce que je demande, c'est de revoir Kubrick à la lumière de 2011. L'imperfection est une façon d'éviter de clore un débat (2001 réponds parfaitement à ses attentes) et d'enfermer à double tour une œuvre. Revoir à chaque fois le même film est un signe de fainéantise ou plutôt une manière de se soumettre à une façon de voir les choses.Se soumettre à Ciment, non merci

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