Ne vous fiez pas au titre. Ne jamais le faire est un principe partagé, mais qui se pose ici avec un poids certain. Fake Orgasm n'est pas un énième reportage potache sur des concours de bars underground, une nouvelle mode marginale, ou une lubie d'artiste avant-gardiste. Quoique, si en fait. La présentation d'une œuvre et d'une vie d'artiste, mais plus proche du combat que de la lubie, plus proche du happening socialement engagé que de la performance pseudo avant-gardiste, élitiste et stérile. Le portrait dresser ici par Jo Sol est celui de Lazlo Pearlman, artiste « performer » aux multiples facettes, que le réalisateur commence par suivre alors qu'il anime, coiffé d'un haut-de-forme, dans un cabaret espagnol, un spectacle participatif et mixte d'orgasmes simulés. Tout un programme. Mais voilà, Pearlman n'est pas qu'un chauffeur de salle, et ce concours n'est que l'introduction (qui prête à rire) d'un métrage qui aborde un sujet autrement plus profond et sérieux : l'identité sexuelle. Pour le coup, la vrai, et non plus seulement l'identité sexuée dans sa dualité normative. Dans le débat qu'il lance, l'artiste (Lazlo) n'est plus seulement l'acteur en scène, mais aussi l'acteur du débat qu'il provoque, et qu'il veut la continuité de son spectacle. « Performer » donc, quand le show est un outil qu'on utilise pour ouvrir les crânes et frapper les consciences, notamment sur cette question de l'identité sexuelle, de son choix présumé, et de l'acceptation par notre société de tous les parcours individuels, décidés librement.
Fake Orgasm |
Par quels moyens provoquer le débat ? Je ne peux rien dire, tant la force et la sincérité de l'acte méritent d'être découvertes par vous seuls. Sérieux. J'ai envie de dire que « Fake Orgasm » est un documentaire à rebondissements. Positivement. La voie choisie par Lazlo Pearlman pour aller à la rencontre des rôles prédéfinis et les mettre à sac n'est pas un long fleuve tranquille, pour lui comme pour son public. Le portrait serré (et très mise en scène, avouons-le) que Jo Sol en fait pourrait bien être, si non pas le réveil de nos consciences, une pièce des rouages de la machine. De son côté, pari tenu. A vous de (le) voir.
Puis, il me paraît nécessaire de souligner que ce documentaire n'est que la première partie visible d'un chantier beaucoup plus important, mené par le réalisateur Jo Sol, et démarré en 2008. Ce dernier, autodidacte de formation, s'est lancé dans un tour du monde ambitieux, grâce auquel il entend rentrer en contact avec différentes cultures en ramenant toujours sur la table la question de la sexualité et de l'identité. Le but : accoucher d'une œuvre transversale et pluridisciplinaire, éclatée dans le temps (et l'espace ?), qui devrait rendre ses derniers morceaux en 2012. Belle ambition d'un cinéaste au style personnel, mais pas brouillon, et dont la mise en scène épouse agréablement le propos. Une premier chapitre prometteur.
J'ai lu quelque part que Fake Orgasm avait les habits du film important. Jusqu'à preuve du contraire, ou jusqu'à ce que je trouve mieux, ce sera mon opinion. Modestement, il sera peut-être des documentaires qui auront entériner un peu plus dans vos caboches l'adage suivant, élémentaire et nécessaire : il n'y a rien de surprenant, à part la norme.
Martin, comte de Perrot
Il n'y a rien de surprenant, à part la norme.
RépondreSupprimerC'est sur mon ptit blog La couleur du Lait Menthe que tu as lu ça ou alors ça fait trop de coïncidences,
un grand plaisir de voir que ce film est encore en "tournée",
qu'il éveille, décloisonne le plus de consciences possible, ou à minima provoque un débat.