jeudi 23 décembre 2010

Around The World des Daft Punk : Un idéal de comédie musicale


Ce papier est clairement le résultat d’élucubrations personnelles, un fantasme en soi qui n’a absolument rien à voir avec un regard critique. Si je devais citer une liste des meilleurs clips, Around The World des Daft Punk figurerait sans doute en haut.En revoyant dernièrement cette chorégraphie multicolore, on se rend compte du talent de Michel Gondry, cinéaste dont la démarche originale convient parfaitement à ce clip et au reste de sa filmographie (voir le nouveau numéro de CineKlectic).
La raison  de cet article tient au fait que j’y trouve une certaine liberté créatrice qui me rappelle le cinéma de Jacques Demy, tant au niveau de la chorégraphie que des couleurs. Certains y verront du kitch alors que j’y vois une forme de courage. Cette vidéo incarne à mon sens un futur qui a beaucoup à voir avec un mix impur de musique électro et de comédie musicale dont l’intérêt ne se situe pas forcément dans les paroles. En somme, cet article est un plaidoyer pour la diffusion de la musique électronique au cinéma. Les Daft Punk en sont les précurseurs. Michel Gondry n'en est qu’un passeur.

                                                                                                                                       Tifenn Jamin
   Un grand merci à Paul

mercredi 22 décembre 2010

La Troisième Génération de R. W Fassbinder/ La Bande à Baader de Uli Edel : Les années de plomb au cinéma



Les années de plomb et le cinéma : une rencontre quasi parfaite entre une période de l’histoire équivoque et un médium capable d’y apporter son lot de vérités. Dans la plupart des films traitant de cette période, on trouve une scène commune : la fusillade, l’application corporelle de l’idéologie. En somme, l’action idéale pour créer de nouvelles formes cinématographiques.
                                 

Commençons par La Bande à Baader, film à l'origine d’une vive polémique en Allemagne. Dans la scène présentée ci-dessous, plusieurs personnes essaient de mettre en action leurs idées à travers une fusillade, filmée par l’intermédiaire de nombreux plans rapprochés, avec une tendance pour la caméra à l’épaule. On essaie de nous donner l’impression d’assister à ces actes tout en mettant l’accent sur la violence, la sécheresse et la rugosité de la scène.
             

                 
Deuxième exemple : La Troisième Génération de R W Fassbinder, l’un des grands films de son auteur. Dans la première partie de la bande annonce (voir ci-dessous), on voit donc des personnes déguisées. Normal, c’est mardi gras. Ce qui rend unique cette scène finale, c’est le moment choisi par cette bande pour prendre les armes. Ici, les déguisements sont moins une façon de montrer la folie de leurs actes qu’une manière de pervertir la réalité en lui donnant une nouvelle forme. Ainsi, c’est l’aliénation générale qui intéresse Fassbinder.
Dans cette œuvre anti-manichéenne, il est difficile d’y discerner les raisons de leur lutte. Du coup, cette scène finale s’envole vers l’abstraction pour le meilleur, puisque cette scène me semble bien plus lourde de sens que le film d'Uli Edel. Pour accentuer cette confusion, Fassbinder tient à mettre une distance avec les actes, comme le prouve le plan où la fusillade se situe à l’arrière-plan entre deux camions. A priori cette distance instaure une objectivité mais c’est aussi une façon de montrer qu’on est encore loin d’avoir cerné le problème. Le film est, en soi, un objet qui tente de poser des questions au lieu d’y répondre, comme le fait vainement Uli Edel avec sa Bande à Baader.

                                                                                                                                       Tifenn Jamin

Arcade Fire par Spike Jonze : The Suburbs


La rentrée musicale fut indubitablement marquée par les nouveaux morceaux de Arcade Fire, moins aboutis que « The Funeral » mais toujours aussi touchants, en particulier le single « The Suburbs » qui donne aussi son titre à l’album et au nouveau clip de Spike Jonze. Ce dernier avait déserté quelque peu le monde du clip vidéo auquel il a donné certaines de ses lettres de noblesse. Après le génial I’m here, l’actualité de Spike est courte, mais riche en symboles sur le clip en lui-même et sur la direction que prend la carrière du réalisateur de Being Malkovich (lire le dossier dans le nouveau numéro de CineKlectic).
En traduisant visuellement les paroles de Arcade Fire, Jonze ne cherche pas tant l’abstraction qu’une vision fidèle et personnelle, preuve qu’il se reconnaît dans le groupe. Un groupe d’amis, une banlieue en apparence calme et des heures occupées à flâner dans les rues. Voilà pour ce postulat rapidement perverti par une clôture séparant ses « suburbs » d’une menace de guerre qui ne tardera pas à empoisonner le cadre, à l’image d’une scène visionnaire où cette bande s’amuse à jouer avec des armes factices annonçant un travelling révélateur : les militaires sont maintenant parmi eux. Ses esquisses de violence prendront la forme d’une spirale infernale. L’un, jaloux, ira jusqu’à tabasser son ami. La violence aura eu raison de l’amitié et de l’innocence.
Cette tension désespoir/espoir ne pouvait qu’attirer Spike Jonze qui, malgré le manque d’originalité, trouve le ton juste. En deux morceaux de bravoures, il montre sa capacité à nous désarmer sans nous en mettre plein la vue. Comme quoi, son dernier clip n’est pas si pessimiste.

                
                                                                                                                           Tifenn Jamin

mardi 21 décembre 2010

La Terre Tremble de Luchino Visconti : utopie familiale


Désenchanté, décadence, effritement sont des mots particulièrement significatifs lorsqu’on parle de Luchino Visconti, ce cinéaste élégiaque, trop souvent restreint à un académisme injustifié alors que son œuvre est profondément moderne à l’image de son deuxième film : La Terre tremble.
Nous assistons à la représentation d’une foule immense (un village) dans laquelle Visconti choisira une famille qui, après une description minutieuse de leur vie quotidienne, sera victime d’une catastrophe. C'est l'élément déclencheur d’une période d’extrême pauvreté et de honte. Cette même chape de plomb qui s’abattra sur les familles de ses films les plus connus : Le Damnés et Le Guépard.

La Terre tremble possède une scène suffisamment évocatrice pour affirmer qu’elle est une image matrice de l’œuvre de Visconti. Ainsi, on nous montre la mère enlever un cadre où se trouve une photo de famille. Ce geste de haut en bas symbolise que la famille a tout perdu. On retrouvera cette scène quelques minutes plus tard dans le sens inverse, la famille a repris espoir, franchit les obstacles et la mère peut maintenant raccrocher le tableau au mur. Le film se termine donc sur une note d’espoir qui aura résonné tout au long du film.

décadence

espoir

Quand tout va mal, la famille résiste ensemble, seul moyen de vivre dans ce tiers-monde. Difficile de nier l’évidence, c’est bien Visconti le communiste qui parle à travers les aventures de cette famille. Ce qui me frappe le plus dans ce film, c’est le réalisme exacerbé. Comme si lui-même avait vécu dans ce village de pêcheurs. Lorsqu’on sait que la famille Visconti est l’une des familles bourgeoises les plus emblématiques de L’Italie, on se dit que le changement idéologique n’est pas étranger à la vie de Visconti, cinéaste paradoxale dont on ne peut pas douter de la philanthropie.

                                                                                                                                            Tifenn Jamin

mercredi 1 décembre 2010

Filmographie : Jacques Demy

                                                                      
   Jacques Demy
Cinéaste phare de la nouvelle vague, le nom de Jacques Demy est souvent associé aux comédies musicales à l’image de ses deux films les plus reconnus : Les parapluies de Cherbourg et Les Demoiselles de Rochefort. Esthète hors pair, sa volonté à toujours été de créer un cinéma populaire qui possède son propre langage visuelle parfois coloré, souvent chanté. Son œuvre possède une cohérence rarement vu dans le 7éme art. Il n’est pas rare de voir ou d’entendre parler d’un même personnage d’un film à l’autre. Dés son premier long métrage, Lola, Demy se révèle être un grand cinéaste qui utilise avec grâce des travellings hérités de Max Ophuls et une narration à plusieurs niveaux. Certes moins connu, sa proximité avec la contre-culture et le mouvement ouvrier s’affirme dans Model Shop et Une chambre en ville, deux films souvent mésestimé qui n’ont pourtant rien à envier aux parapluies de Cherbourg.     

1955 : Le Sabotier du val de Loire
1957 : Le Bel Indifférent
1959 : Ars
1961 : Lola
1963 : La Baie des Anges
1964 : Les Parapluies de Cherbourg
1967 : Les Demoiselles de Rochefort
1968 : Model Shop
1970 : Peau d'âne
1972 : Le joueur de flute 
1973 : L'Évènement le plus important depuis que l'Homme à marché sur la Lune  
1978 : Lady Oscar
1980 : La naissance du jour
1982 : Une Chambre en ville
1985 : Parking
1988 : La table tournante
1988 : Trois places pour le 26         

Le cinéma de Jacques Demy en trois vidéos