Maria Valverde dans Madrid, 1987 |
Une femme, un homme et une poignée de porte ; voilà à quoi peut se résumer Madrid,1870 de David Trueba. L'une est étudiante, désireuse de faire carrière dans le journalisme sans pourtant révéler ses convictions au premier clin d’œil. L'autre, un vieux journaliste, les cache sous un épais manteau de cynisme. La dernière est en apparence futile mais elle aura pourtant une importance de premier ordre ; elle enfermera les deux personnages nus dans une salle de bain tout en incitant le spectateur à créer un trio, lui confiant par la même occasion, la place si instable du voyeur. C'est pourtant une poignée qui ouvre sur un monde où se côtoient littérature, politique, sexe, souvenirs d'enfance et ses foutus convictions : doit-on les assumer quitte à passer pour une pourriture ou bien faut-les ménager au profit d'un caractère indistinct ?
Mais ou-est donc le cinéma ? Il est vrai qu'il est difficilement cernable dernière les multiples figures de style propre à la littérature, non que l'auteur soit plus intéressé par le second, mais il avance sans faire de bruit à travers une mise en scène sobre y compris dans la salle de bain, ou malgré l'étroitesse du lieu, Trueba reste à hauteur d'Homme pour mieux investir ses personnages et les rendre conscients de leurs vies artificielles comme en témoigne cette scène où le chroniqueur et l’étudiante se raconte un film à travers un cadre vide.
Dans l’exercice si casse-gueule du huit-clos, Trueba s'en sort avec une souplesse et une modestie remarquable, n'épuisant à aucun moment la densité des personnages. On en ressort presque avec un sentiment de manque, comme si on attendait qu'une seule chose ; qu'ils se rencontrent une nouvelle fois, mais le Madrid de l'année 1987 a autre chose à faire que de s'enfermer dans une salle de bain.
Tifenn Jamin
En compétition pour le prix Jules Verne
Mardi 21h - Katorza, Nantes
Samedi 15h45 - Katorza, Nantes
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